Les Prairies souffrent de plus en plus d’une pénurie d’eau
Entre inondations et sécheresses (parfois les deux la même année), les effets cumulés du changement climatique exercent un stress croissant sur les ressources en eau dont à la fois l’environnement et les humains dépendent.
En juillet 2020, le gouvernement de la Saskatchewan a annoncé un investissement historique dans un projet d’expansion de l’irrigation. L’objectif ultime étant de doubler les terres irrigables en Saskatchewan, les 4 milliards de dollars alloués sur 10 ans permettront d’irriguer jusqu’à 2020 kilomètres carrés de terres. Ce projet prévoit le prélèvement de 1,1 million mètres cubes ou 900 acres-pieds d’eau du lac Diefenbaker, un réservoir artificiel construit dans les années 1960 pour l’hydroélectricité, l’irrigation et les loisirs.
Le fait que cet important projet de développement aille de l’avant sans que les Premières nations et les groupes Métis concernés aient été consultés comme il se doit nous préoccupe. La Fédération des nations autochtones souveraines de la Saskatchewan et de nombreuses autres organisations ont par ailleurs déjà publié des lettres exprimant leurs préoccupations. De plus, nous sommes préoccupés par le fait que le projet, qui est subdivisé en trois phases, ne fera pas l’objet d’une seule évaluation des incidences environnementales. Le projet suscite de nombreuses inquiétudes au niveau environnemental, notamment pour la dégradation de la qualité et de la quantité de l’eau, l’émission de gaz à effet de serre et l’impact sur les droits des Autochtones.
Des habitats importants pour des espèces de poissons comme l’esturgeon jaune de la rivière Saskatchewan Sud et la perche noire de la rivière Qu’appelle seront également affectés. Le développement de ce projet d’irrigation touche de nombreuses zones importantes pour la conservation des oiseaux et de la biodiversité (ZICO). Il s’agit notamment de sites de nidification pour le grèbe à cou noir et le héron bihoreau, ainsi que pour le pluvier siffleur, une espèce menacée à l’échelle internationale.
L’irrigation à grande échelle augmenterait également la pression pour la conversion des prairies sauvages en terres agricoles, et inciterait au drainage des zones humides pour accueillir les équipements d’irrigation.
Il est clair que ce projet aura un coût environnemental et nous plaidons pour qu’il fasse l’objet d’évaluations environnementales adéquates. Nous avons récemment soumis une pétition, soutenue par de nombreux groupes environnementaux de la Saskatchewan, pour demander une étude d’impact environnemental fédérale.
1. Nous demandons que le projet fasse l’objet d’un examen fédéral en vue d’une étude d’impact environnemental afin d’évaluer correctement ses impacts et de les minimiser.
2. Nous demandons aux gouvernements d’entamer immédiatement des consultations avec les Premières nations et les nations métisses potentiellement touchées avant de poursuivre la planification de ce projet.
Enfin, nous plaidons pour une vraie sécurité par rapport à l’eau. Nous voulons des solutions qui soutiennent les économies locales sans compromettre l’environnement et les autres espèces avec lesquelles nous partageons la terre. Nous avons besoin d’approches holistiques et réalistes pour faire face aux changements climatiques et protéger nos bassins versants et nos zones humides.